On aurait tort de croire que l'enseignement de la philosophie est assigné à la pratique du cours magistral plus ou moins dialogué. Non seulement Denis de Casabianca nous montre qu'il n'en est rien, mais il convoque la pédagogie Freinet dont les techniques s'avèrent particulièrement fécondes pour apprendre à « penser par soi-même ». Rien d'étonnant à cela, à vrai dire, puisque Célestin Freinet a placé l'émancipation au coeur de son entreprise pédagogique et fait de l'acquisition de l'autonomie
dans un collectif solidaire le principe même de tout enseignement.
Ainsi, pour que le cours de philosophie ne se réduise pas à un panorama d'auteurs et à l'acquisition de procédures canoniques en vue d'obtenir une bonne note à l'examen, Denis de Casabianca propose d'en faire un lieu d'écriture libre et d'échanges organisés, de recherches personnelles et de débats structurés, de confrontations entre pairs et avec les grands textes... pour, chaque fois, « mettre au travail la pensée ».
On trouvera donc présentées ici des techniques comme le texte libre et la correspondance entre élèves, le « journal du cours » et les ateliers de discussion, les entretiens individuels et l'affichage collectif. Elles sont présentées, tout à la fois, à travers la description de pratiques, des témoignages d'élèves et des fiches synthétiques. Mais elles sont articulées également dans une démarche globale où le professeur s'efforce, en même temps, d'autoriser la parole de chacun et d'engager un dialogue permanent avec les oeuvres, de reconnaître les apports singuliers et des les inscrire dans des problématiques communes, de faire de toute évaluation un outil de progression, de dépassement et d'émancipation.
Voilà un ouvrage pionnier qui ouvre des voies que pourront emprunter les professeurs de philosophie mais aussi tous ceux et toutes celles qui veulent
accompagner leurs élèves sur le chemin d'une pensée libre et rigoureuse à la fois.
Philippe Meirieu